Le milieu de l’entreprise, tous secteurs confondus, connait une hausse continue des problèmes de stress depuis des dizaines d’années. Le phénomène est devenu tellement important que les entreprises ont constaté un lien direct entre le niveau de stress et la productivité de leur entreprise. Dès qu’elles ont remarqué les effets néfastes sur les chiffres et les résultats, elles ont commencé à s’intéresser au problème. En effet, le stress occasionnel et sur quelques cas particuliers n’a pas vraiment d’incidence sur le fonctionnement d’une société. Mais lorsque le problème prend de l’ampleur et commence à toucher plus d’un quart de la société, là oui ! les conséquences sont significatives : une mauvaise ambiance de travail, de l’absentéisme, une pénibilité généralisée, une perte de sens, un épuisement physique et mental… On parle de dépression, on parle de Burn-out, on parle d’AVC, de crise cardiaque et même de suicide.
Karôshi
Connaissez-vous ce terme ? Au Japon, le Karôshi signifie littéralement : « la mort par le travail ». En gros, on se tue à la tâche. C’est la mort subite par le surmenage. Le Karôshi est un phénomène connu de tous les Japonais. On pourrait même dire qu’il fait presque partie de la culture d’entreprise. Ça a commencé dans les années 1910’s et depuis les années 80’s les cas de Karôshi ne cessent d’augmenter. Sûr que lorsqu’un employé fait plus de 160 heures supplémentaires de travail sur place /mois, il a toutes les chances de cumuler épuisement, stress, surmenage etc… ticket d’entrée pour la dépression, le suicide ou la crise cardiaque. Sans compter qu’il y a une grosse pression de la part des supérieurs pour garder la croissance ainsi que la peur de perdre leur emploi. Car après des années d’expansion fulgurante ce fut l’effondrement de la bulle économique dans les années 90’s suivie de ralentissement, restructuration et licenciements… Beaucoup d’entreprises sont en mode « survie » et leurs employés aussi, ce sacrifiant délibérément, et même désespérément à la tâche. A cela s’ajoute le harcèlement moral de la part des supérieurs devenu très présent.
Un travailleur japonais sur cinq risque de mourir de Karôshi
Selon un sondage mené par le gouvernement japonais en 2016
En France depuis quelques années, on parle surtout de « Burn-out ». Expression qui désigne l’épuisement physique, émotionnel et mental au travail. L’employé n’est plus apte à travailler. C’est LE risque que les entreprises redoutent. La personne a subi tellement de stress, elle est tellement en état d’épuisement total, que son corps lâche. Il dit stop ! Game over. Pour l’entreprise ça veut dire : arrêt maladie pendant des mois, absentéisme, retard dans les délais, perte potentielle de Chiffre d’affaire … coûts de remplacement, de formation ….
Mais cela n’est que la partie visible de l’Iceberg. La partie immergée correspond à toutes les pathologies déclenchées par le stress chronique. Aussi discrètes soient elles, sournoises, leur effet n’est pas moindre.

Les RPS en France
Les RPS (risques psychosociaux) sont une résultante de 3 composants isolés ou cumulés :
- Les violences internes
- Le stress
- Les violences externes

Le stress en entreprise est favorisé par plusieurs éléments :
- Charge et la complexité du travail
- Délais d’exécution
- L’environnement
- Management
- Relations de travail
Les violences en interne et/ou externe correspondent aux conditions de travail :
- Négligence des besoins fondamentaux de l’employé (froid, fatigue, faim, douleurs physiques …)
- Violences psychologiques telles que les menaces, humiliations, la culpabilisation, l’isolement, le rejet, le déni
- Harcèlement moral et sexuel
- Violences verbales comme crier, insulter, rabaisser, dévaloriser, se moquer etc…

Il va sans dire que les violences externes ainsi que les violences internes provoquent un stress au salarié. Le stress est véritablement le dénominateur commun du sujet.
Chiffres clés des RPS
Enquête réalisée en 2016 par DARES

puis étude en 2017 du cabinet Stimulus Conseil :

Avec la COVID-19 et le télétravail, de nouveaux problèmes sont apparus. Il y a un réel mal-être et une perte de sens des employés qui se sentent isolés, chez eux. Certains employés ont petits à petit coupé tout contact avec leur entreprise et ce jusqu’à la fin du confinement : ni mail, ni coup de téléphone, ni compte rendu, rien. Une perte totale d’engagement alimentée par une perte de sens du travail et un manque de valorisation. On les appelle les « salariés décrocheurs« . Un pourcentage de plus en plus grand de salariés qui ne veulent pas retourner travailler en entreprise après le confinement. Ils étaient environ 10% au premier confinement, les chiffres montent à plus de 20% pour le deuxième confinement.
Dans une plus grande mesure, des comportements déviants ont augmenté :
- la consommation d’alcool
- le tabagisme
- la surconsommation alimentaire, prise de poids
Résultats d’après plusieurs enquêtes scientifiques réalisées par OpinionWay depuis le début du 1er confinement. Selon eux, près d’un salarié sur deux est en détresse psychologique, 1/3 est en état d’épuisement émotionnel sévère et 5% est en situation de Burn-out.
Il semblerait que les comportements addictifs tentent de « compenser » le stress lié à l’isolement et au sentiment d’être « livré à soi-même », l’abandon.
Les effets du stress et des RPS sur le salarié
De nombreuses études ont été menées sur les effets du stress, notamment par les neurosciences qui se sont penchées sur le sujet.
Plus le stress dure dans le temps, plus il est nocif pour la santé. Cela va des troubles du sommeil, de l’irritabilité, la fatigue, … à la dépression, au burn-out, suicide, AVC, crise cardiaque …

Cette liste n’est pas exhaustive. Ce qu’on en retient c’est que le stress a réellement des effets délétères sur la santé. Il dérègle des organes clés du corps humain tel que les artères, le cerveau, la thyroïde …
Les effets du Stress et des RPS pour l’entreprise
Absentéisme, arrêts maladies, mauvaise ambiance de travail, démotivation générale, perte de cohésion sociale, turnover, baisse de productivité, de résultat. Moins l’énergie, moins d’idées, moins de réactivité, perte de vitesse par rapport à la concurrence. Dans un monde ou les technologies, le marketing, le digital, les modes, les process de management et de communication évoluent très vite, l’obsolescence n’est pas loin pour une entreprise en perte de vitesse. A terme cela peut tout à fait mener l’entreprise à sa perte.

C’est pourquoi les entreprises ont tout intérêt à gérer les problèmes de stress et de RPS le plus tôt possible.
Le cercle vertueux de l’harmonie
A contrario, une entreprise qui s’est attaquée au sujet va pouvoir trouver une harmonie au sein de son entreprise. Le bien être des salariés va engendrer un cercle vertueux commençant par la motivation :
- l’envie de travailler
- l’envie de voir ses collègues
- l’envie de trouver des solutions
- de partager des idées
On parle d’intelligence collective, de cohésion de groupe.
Tout cela va interférer positivement sur les résultats de l’entreprise :
- Meilleure productivité
- Meilleurs résultats
- Moins de turnover
- Moins de couts pour l’entreprise
- Moins d’absentéisme
La question maintenant que peuvent se poser les entreprises est de savoir quel type de management elles peuvent appliquer pour générer cette harmonie au sein de leur entreprise ?